Histoire de l’équithérapie

Comme nous l’avons vu dans un article précèdent sur l’histoire de la médiation animale. Plusieurs traces écrites témoignent dès l’antiquité de la place de l’équitation dans diverses approches thérapeutiques. La pratique de l’équithérapie a commencé à se populariser à partir des années 50 puis s’est développée au fil des décennies jusqu’à aujourd’hui où elle continue d’évoluer.

Les origines de l’équithérapie 

Les racines de l’équithérapie depuis l’antiquité

Depuis les temples d’Esculape, les grands penseurs de la Grèce antique : Platon, Xénophon, Hippocrate mentionnent les bienfaits que peuvent apporter les chevaux. (voir l’article : histoire de la médiation animale).

Pour les patients épileptiques et paralytiques, Asclépiade de Prusse préconise l’équitation.

Galien, considéré comme un des grands médecins de l’antiquité avec Hippocrate, conseil l’équitation à l’empereur Marc Aurèle pour améliorer sa capacité de prise de décision (réputée un peu lente).

Plus tard, à partir du 16e siècles, Esprit-Paul De Laffont-Poulotti, Mercurialis et Christian Jahn écrivent sur les effets bénéfiques de l’équitation sur la santé et sur certains malades, notamment les hypocondriaques.

Au 18e siècles, Diderot définit l’équitation comme exercice idéal pour le maintien de la santé et pour prévenir ou guérir de certaines maladies, notamment nerveuses.

Le cheval guérisseur chez les amérindiens

Ces mentions dans le passé montrent que l’équitation thérapeutique a toujours eu une place de tout temps et en tout lieu. Nous avons cité des références européennes, mais il y a eu assurément de nombreuses utilisations du cheval de manière thérapeutique dans d’autres régions du monde, notamment en Asie, au Moyen-Orient et chez les amérindiens.

Pour beaucoup de peuples amérindiens, notamment chez les Navajos, le cheval a eu une place très importante. Nous pouvons même dire : sacré. Après son arrivée, le cheval a été accueilli comme un être vivant et non un outil. Il était considéré comme un être social à part entière faisant partie du groupe. Il était tantôt un camarade de vie, un compagnon de chasse, un ami et le rôle du cheval était parfois celui de guérisseur.

Nous aurons l’occasion d’approfondir ce sujet passionnant dans de futurs articles.

La naissance de l’équithérapie moderne 

Le mythe de Lis Hartel

Tout comme la naissance de la médiation animale moderne, la naissance de l’équithérapie ne s’est pas vraiment faite du jour au lendemain en un jour et en un lieu. Une chose est certaine, c’est qu’elle est apparue dans un premier temps plus sous l’aspect de rééducation par l’équitation. Difficile d’aborder le sujet sans citer la mythique cavalière danoise Lis Hartel.

Très jeune, la cavalière danoise devient championne de dressage au Danemark. En 1943, Lis Hartel alors qu’elle est enceinte de son deuxième enfant, découvre qu’elle est atteinte de la poliomyélite. Il est difficile de trouver des informations fiables sur son histoire : quand a-t-elle était paralysée en dessous des genoux ? Quelles étaient ces motivations ? A-t-elle guéri en partie de sa maladie grâce à l’équithérapie ou a-t-elle seulement adapté sa manière de monter à cheval ?

Beaucoup de personnes se disputent sur ces questions, mais là n’est pas l’essentiel de son histoire.

Quand elle apprend qu’elle est malade, les verdicts des médecins sont peu encourageants. Mais Lis continu de s’entraîner, à priori sous la guidance de son amie kinésithérapeute Elisabeth Bodiker et en compagnie de sa jument. Et le résultat est qu’en 1952, elle est la première femme à remporter une médaille d’argent en dressage aux Jeux olympiques d’Helsinki. Elle continuera de rafler chaque année de nombreuses médailles au Danemark. Et elle remporte à nouveau une médaille d’argent au JO de 1956.

En dépit du manque d’informations sur les détails de son histoire, sur la véracité du  »miracle » de sa guérison ou non, ce qui est indéniable, c’est que malgré sa maladie, elle a pu continuer à monter à cheval et réaliser une prouesse sportive remarquable ! Sa relation avec les chevaux et son amour pour eux a forcément joué un rôle majeur dans son parcours. Son exemple, va inspirer énormément de personnes. Dans les décennies suivantes, vont naître des centres d’équitations assistées avec et sans thérapie un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.

Popularisation de l’équitation thérapeutique dans le monde

La kinésithérapeute Elisabeth Bodiker est la première à introduire l’équitation assistée en Norvège.

Le premier centre de ce type est créé dans les années 50 en Grande-Bretagne et connait beaucoup de succès.

En 1964, l’équitation pour personne handicapée devient remboursée par la sécurité sociale norvégienne.

En 1965, cette approche est répandue au Canada et aux Etats-Unis. Deux grandes associations naissent, la NARHA ( North American Riding For the Handicapped) et la HHFTH (Happy Horsemanship for the Handicapped).

En 1969, l’équitation thérapeutique est reconnue d’utilité publique en Grande-bretagne et la RDA (Riding for the Disabled Association) est créée.

L’équithérapie en France

Parallèlement, ces approches se développent en France. Dans un premier temps, l’approche est plus centrée sur l’équitation et le handicape. Puis dans un second temps, la pratique s’élargit à l’échange avec le cheval et la thérapie sous un spectre élargie.

La rééducation par l’équitation : Renée de Lubersac et Hubert Lallery

C’est surtout à partir de 1965 que la rééducation par l’équitation est vraiment développée et pratiquée en France. Cela grâce à deux grands noms : Renée de Lubersac et Hubert Lallery.

Ils vont en effet être les premiers à vraiment appliquer et enrichir cette approche en France.

René de Lubersac donne à l’époque des cours d’équitation bénévolement. La mise en lien avec son métier de psychomotricienne va se faire naturellement. En 1969, elle sort le premier mémoire sur la rééducation par l’équitation en psychomotricité. Dans les années à venir, elle sera aussi une des pionnières d’une approche plus souple où l’on sort du cadre rigide de l’équitation. Elle mettra en place des échanges à pied et commencera à mettre plus en avant la relation avec le cheval.

Hubert Lallery utilise très tôt le cheval pour soigner certains de ses patients. Il publie en 1967 à la société française de kinésithérapie le premier rapport médical sur la rééducation par le cheval.

En 1973, ils publient ensemble le livre : la rééducation par l’équitation grâce à plusieurs années de travail de recherche mis en commun.

Quelques années avant, en 1970 est créé l’ANDRE (Association National de Rééducation par l’Equitation). Elle est fondée par une équipe pluridisciplinaire qui souhaite mettre à profit les bienfaits de l’équitation pour le handicap physique et mental. L’association Handi-cheval lui succédera en 1988.

En 1971 est fondé le centre spécialisé : les rênes pour la vie.

L’arrivée de la thérapie

Dans les années 70, avec cet intérêt général grandissant, de nombreux travaux et mises en pratique sont réalisées. L’équithérapie ne tarde pas à dépasser le cadre de la rééducation pour être appliquée en psychiatrie, toxicomanie, pédopsychiatrie, etc.

En 1986, Renée de Lubersac souhaite s’émanciper des fédérations sportives et de l’ASERTAC (Recherche dans les Thérapies d’Approche Corporelle) dans laquelle elle donne des stages. Ceci permet une nouvelle liberté et d’introduire la notion de thérapie dans cette médiation équine. Elle fonde alors le FENTAC (Fédération nationale de thérapie avec le cheval). Celui-ci est formé par une équipe pluridisciplinaire de personnes ayant pour particularité d’être travailleurs de la santé et cavalier à la fois. Le FENTAC, reconnu internationalement, servira de pilier et de garde-fou à l’équithérapie.

Car oui, étant à la mode et non régulée de manière officielle, tout comme la médiation animale en général, l’on voit de nombreux pratiquants, Institutions et formations d’équithérapie apparaître qui ne sont pas très qualitatifs.

Depuis, se sont ajoutés, au côté du FENTAC, la SFE (Société Française d’Equithérapie) et l’IFEq (Institut de formation en Equithérapie) reconnu également comme des références de l’équithérapie en France.

L’équithérapie aujourd’hui

Outre le fait, que comme pour toutes thérapies ou méthodes, il est important de vérifier la qualité avant de consulter un professionnel ou de s’engager dans une formation, cette diversité et richesse de développement de l’équithérapie actuelle est réjouissante !

Un des aspects les plus positifs de cet engouement est que l’équithérapie devient accessible à un plus grand nombre de personnes et à une plus grande diversité de public.

Les spécialisations dans le handicap physique et mental ou en psychiatrie continuent de se développer. Mais aussi dans le domaine éducatif, que ce soit pour des enfants traumatisés, jeunes en difficultés, jeunes défavorisés, ou simplement à tous les enfants.

Il est intéressant aussi de noter l’apparition de services ouverts aux familles ou aux particuliers qui traversent des difficultés ou sont simplement en recherche de mieux être. On voit ainsi des thérapies individuelle et familiale ou du coaching en équithérapie proposé par des institutions ou des indépendants.

C’est ainsi que l’équithérapie et le cheval a rejoint les bancs de la médiation animale. Et vice-versa, on peut dire que l’expérience de l’équithérapie enrichis et inspire les approches en médiation animale, notamment en cynothérapie.

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