Histoire de la médiation animale

Il serait bon de rappeler à certains professionnels de la santé qui regarderaient la médiation animale d’un œil septique, que Sigmund Freud lui-même est un des précurseurs de la thérapie assistée par l’animal.

La médiation animale puise ses origines il y a plusieurs millénaires. Bien que les formes de pratique qui existaient autrefois ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui, les animaux ont joué des rôles d’accompagnant, de médiateur ou de guérisseur pour l’humain depuis bien longtemps.

Le rapport sacré de l’homme à l’animal

Aujourd’hui, l’on voit un humain moderne s’éloigner du monde animal et de la nature, avec en contre-courant des personnes qui souhaitent s’en rapprocher et mieux les comprendre.

Mais depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs, nous pourrions presque dire depuis toujours, l’homme a donné une place importante à l’animal dans sa vision de l’univers. Au travers des cosmologies ou religion, l’humain de tous les continents a attribué des pouvoirs aux animaux appartenant au monde de l’esprit, des capacités surnaturel dont la guérison fait partie. Puis la domestication de certains animaux a eu lieu. Un rapprochement social s’est fait.

La place du cheval et du chien dans l’histoire de la médiation animale

Le chien et le cheval sont les animaux domestiques qui ce sont les plus rapprochés de l’homme. On estime leur domestication à plusieurs dizaines de milliers d’années pour le premier et environ 5000 ans dans les steppes de Mongolie pour le second. Ils ont pris une place utilitaire de premier ordre, et son devenu des compagnons de travail, de guerre et du quotidien. Le chien a pris la place du plus fidèle compagnon, étant capable de protéger ses maitres ou de veiller sur eux quand ils étaient malades (le chat est arrivé beaucoup plus tardivement, même si on le verra, ces capacités en accompagnement thérapeutique ne sont pas à sous-estimer). Mais le cheval semble avoir été le premier à occuper dans l’histoire un rôle se rapprochant plus du thérapeute.

En effet, s’il est difficile de trouver des traces de cynothérapie dans l’histoire, les traces d’équithérapie ne manquent pas !

Note : on retrouve dans l’Egypte et la Grèce ancienne, une pratique qui consistait à utiliser les chiens pour lécher les blessures des blessés.

Histoire de l’équithérapie

Thérapie par l’équitation : le cheval

La capacité de guérison de l’animal vu par les religions païennes est un sujet passionnant, mais qui demanderait une thèse à lui tout seul. Si on le met de côté, on peut mettre en lien les origines de la médiation animale avec celles de l’histoire de l’équithérapie qui remontent à l’antiquité.

Il est intéressant de préciser qu’à l’époque ce n’était pas le contact et la relation entre l’humain et le cheval qui était mise en avant. Mais c’était la pratique de mise en selle, de l’équitation, qui était perçu comme ayant des vertus thérapeutiques. Ce n’est que plus récemment que l’on s’est davantage intéressé aux soins apportés au cheval par le patient et à la relation humain-cheval.

L’équithérapie dans la Grèce antique

Les mentions les plus nombreuses et les plus anciennes datent de la Grèce antique.

Platon nous transmet les pratiques des disciples du temple d’Esculape qui utilisaient déjà l’équitation pour soigner des maladies psychiques.

Xénophon, philosophe et général athénien, vantait les mérites de l’équitation, il écrit : « Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et pour le cœur ».

Enfin, Hippocrate préconisait l’équitation parmi les activités les plus saines pour être en bonne santé et guérir de nombreuses maladies. Il reprochait cependant à son maître d’en avoir fait un usage excessif et ainsi fait périr beaucoup de patient à cause de l’équitation. Il compléta alors cette approche, notamment en portant plus d’attention au choix des patients. Evitant ainsi ceux pour qui cela pouvait être risqué.

Note : Aristote mentionne aussi

L’équithérapie au fil des siècles

Au fil des siècles, Asclépiade de Prusse, Galien, Esprit-Paul De Laffont-Poulotti, Mercurialis et bien d’autres penseurs de tout pays, mettront en avant les bienfaits de l’équithérapie.

En 1751, Diderot réalise un traité qu’il nomme : De l’équitation et de ses conséquences pour maintenir une bonne santé et pour la retrouver. Dans ce traité, il explique comment l’équitation maintient une bonne santé, prévient de certaines maladies et peut même aider à en guérir.

Naissance de la médiation animale

Difficile d’accorder la naissance de la médiation animale moderne à un moment particulier. Peut-être faudrait-il parler des naissances de la médiation animale au pluriel. En effet, la médiation animale moderne apparaîtra dans de multiples contextes, mais voici quelques points clé sur son apparition :

• Autour du XIe siècle, la ville Belges de Gheel est la seule ville ouverte à l’accueil des fous. À la base pour des raisons religieuses, les fous viennent en pèlerinage dans cette ville pour prier sainte Dymphne. Mais les visiteurs sont si nombreux, que les fermiers sont mis à contribution pour accueillir les fous. Ils sont au contact des animaux de la ferme et les écrits mentionnent que des oiseaux leur étaient confiés pour qu’ils s’en occupent.

• En 1796, l’anglais William Tuke, humaniste philanthrope, va fonder l’institut York Retreat. Ecoeuré par les conditions de vie de malades mentaux qu’il voit dans les asiles, il décide de fonder son propre centre où il met la considération de l’humain au centre. La particularité de son institut est que dès leur arrivée, les patients se voit confier des animaux : lapins et volailles dont ils doivent prendre soin. L’implication, la responsabilisation et l’apaisement ressortent très rapidement chez les patients. Son approche permet de faire un grand pas dans le monde de la psychiatrie.

• Un peu plus tard, les médecins de l’armée ayant un grand nombre de rescapés de la première guerre mondiale vont innover à leur tour. Ils sont en quête d’efficacité et de nouveaux procédés pour tuer la monotonie des traitements thérapeutiques. En 1917, l’hôpital d’oxford met en place le premier groupe d’Equithérapie pour ces patients. Et grande nouveauté, en 1919, les médecins de l’armée introduisent des chiens auprès des patients l’hôpital St. Elizabeth à Washington DC.

Sigmund Freud : précurseur de la médiation animale

Il serait bon de rappeler aux professionnels de la santé qui regarderaient la médiation animale d’un œil septique, que Sigmund Freud lui-même est un des précurseurs de la thérapie assistée par l’animal. En effet, Jofi, la chienne Chow chow de Sigmund à laquelle il était très attaché, l’accompagnait pendant ces consultations.

Il comprendra que, grâce à l’observation de sa chienne, il peut obtenir davantage d’informations sur la personnalité de ces patients. Des indications qu’il n’aurait pas forcément perçues si finement ou aurait mis beaucoup plus de temps à discerner sans sa chienne.

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Il se sert aussi d’elle pour mettre les patients à l’aise, nouer le contact. Il note que cela marche particulièrement avec les enfants. En 1937, il écrira d’ailleurs que les jeunes enfants, proche de l’animalité, n’ont pas de honte à se sentir plus à l’aise et en phase avec les animaux qu’avec leur propre parent.

Armée & TAA : thérapie assistée par l’animal

Dans les années 1940, c’est encore l’armée, accompagnée de la croix rouge, qui, pour prendre soin des vétérans traumatisés, met en place une ferme expérimentale où les patients doivent prendre soin des animaux.

Ils en concluront largement que la présence des animaux et les interactions avec ces derniers apportent un processus thérapeutique certain pour les anciens soldats.

En 1944, le Pawling Army Air Force Convalescent Hospital proche de New York, met à nouveau les rescapés de guerre en contact avec des chiens et publie un des premiers documents sur les TAA (thérapie assistée par n’animal).

Boris Levinson : père de la zoothérapie

En 1953, Boris Levinson, psychiatre américain, va inventer ou plutôt découvrir la pet-therapy, qui sera traduit par zoothérapie (aujourd’hui appelée médiation animale en France).

Il reçoit un couple avec leur enfant non-communicant ayant des comportements associés au spectre autistique. L’on trouve différentes versions sur le déroulé de l’événement, mais quoi qu’il en soit, il va s’apercevoir que l’enfant s’ouvre et communique étonnamment avec son chien Jingle. L’enfant demandera même à le revoir. Les progrès seront stupéfiants.

En 1961, il va écrire à propos de son chien Jingle et de ses échanges. Puis, il théorisera son approche dans deux ouvrages : Pet-Oriented Child Psychotherapy and Pets and Human Development. La zoothérapie ou médiation animale moderne était née.

En conclusion, il existe de nombreux noms historiques non cités dans cet article. Depuis 1950, beaucoup de nouveaux acteurs ont participé à l’évolution de la médiation animale. Vous trouverez plus de détails et de références dans nos articles dédiés à la Cynothérapie, à l’Equithérapie et autres sujets spécifiques.

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